|
En effet, si l'égalité tarifaire avec le transport collectif semble en bonne voie dans notre pays, chaque opérateur oblige à s'inscrire au service qu'il gère, il n'existe pas un droit d'accès reconnu nationalement, telle la possession de la carte d'invalidité. L'égalité tarifaire existe également, de longue date, à Grenoble, comme le précise Henri Galy, président du Comité pour le Droit au Travail des Handicapés et l'Égalité des Droits (CDTHED) : "Nous avons obtenu cette égalité tarifaire en janvier 2004. Dans l'agglomération grenobloise, l'usager handicapé achète rigoureusement les mêmes titres de transport que l'usager valide, qu'il s'agisse de tickets à l'unité, de carnets de tickets ou d'abonnements, etc. En outre, s'il est titulaire de la carte d'invalidité, alors il a droit au tarif réduit." En Seine-Maritime, l'égalité tarifaire existe dans les réseaux urbains et interurbain : "Pour l'agglo du Havre ou CODAH, le tarif du service Mobi'Fil est le même que pour les lignes ordinaires, explique Michel Pons, président de la Coordination Handicap Normandie. En ce qui concerne l'agglo de Dieppe, le tarif du TAD est de 1,10€ pour toutes les personnes quelle que soit leur situation. En revanche le Pass annuel, gratuit pour les personnes handicapées de Dieppe et Rouxmesnil-Bouteilles, ne donne pas accès au TAD. Pour le département de Seine-Maritime, le tarif de Minibus 76 est le même que les lignes régulières mais ce service n'intervient qu'en dehors des trois grandes agglo (Rouen, Le Havre, Dieppe) ce qui rend compliqué son utilisation pour les PMR. D'une manière générale, j'entends, notamment sur Rouen, qu'il est efficace pour ceux qui l'utilisent régulièrement (aller au travail par exemple) mais vite indisponible pour les occasionnels. Par ailleurs, si chaque territoire a globalement mis en place ce service, il est compliqué, pour ne pas dire quasi impossible de se déplacer d'un territoire à l'autre. Reste la question des horaires pour aller et surtout revenir d'un spectacle." L'accessibilité tarifaire ne fait pas tout, un TAD doit être organisé pour répondre à la réalité des besoins de la clientèle. Et en Ile-de-France ? Régis par le Syndicat des Transports d'Ile-de-France (STIF), huit TAD PAM desservent les départements franciliens à des tarifs élevés, assez identiques d'un département à l'autre. Ils effectuent plus de transports que l'ensemble des autres TAD de France. Si les prix sont répartis en quatre tranches de nombres de kilomètres parcourus, le Conseil Départemental de Seine-et-Marne subventionne les trajets courts et moyens, de même que celui du Val-de-Marne : dans ce département, le tarif est assez proche du coût du ticket de bus mais forcément supérieur aux formules d'abonnement. Mais dans les autres départements (Paris, Yvelines, Essonne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val d'Oise), il faut avoir les moyens pour utiliser PAM : un trajet court coûte l'équivalent de cinq tickets de bus, dix trajets courts ou un aller-retour en grande banlieue reviennent plus cher que l'abonnement mensuel Pass Navigo ! L'alignement tarifaire ferait réaliser plus de 250€ d'économie mensuelle à un salarié handicapé utilisant quotidiennement un PAM pour se rendre à son travail. Fidèle à sa politique particulière de communication, le STIF refuse d'indiquer quand il demandera aux opérateurs d'aligner leurs tarifs sur ceux du réseau RATP-Transilien-Optile, et l'un de ses porte-parole glisse même qu'il pourrait ne pas respecter la loi, soulevant un problème juridique d'application... Vice-Président du STIF et Président de la commission transports du Conseil Régional Ile-de-France qui cofinance les PAM, Pierre Serne a un autre avis : "Les services de la région ont été surpris comme tout le monde par cette disposition votée par amendement sans discussion préalable avec les autorités organisatrices de transport. Les services juridiques et financiers sont en cours d'évaluation de ce que ça pourrait impliquer en Île-de-France. A ce stade, avec une évaluation grossière, le coût supplémentaire pour les collectivités locales franciliennes financeuses de PAM pourrait s'élever à 3 millions d'euros pour un système dont le financement est déjà compliqué. Cela dit, bien entendu nous nous conformerons aux textes en vigueur." Sera-t-il suivi par le STIF, qui fonctionne en autonomie techno-bureaucratique capable de s'affranchir de la tutelle politique ? Rien n'est moins sûr, la nouvelle disposition est en cours de dissection administrative. "Je vais demander au ministère des transports quelle interprétation pourrait être faite de ce texte, s'inquiète la députée Bernadette Laclais. Je veillerai à son application même s'il faut à nouveau amender le texte." Affaire à suivre...
|