discours

  • Discours de Jean-Marie Barbier

    De République à Opéra.

    La Marche historique vers l'Elysée au nom emblématique de « Ni pauvre, ni soumis ».

    Une dynamique inédite en France ou ailleurs rassemblant près de 100 associations nationales représentant les personnes en situation de handicap, les personnes malades, leur famille et tout simplement la défense des droits de l'homme, de tous les hommes.

    Un moment dont chacune et chacun d'entre nous se souvient avec une grande émotion.

    Que chacun, ici, soit conscient que sans cette incroyable mobilisation, la promesse d'augmentation de 25% de l'AAH sur 5 ans n'aurait pas été tenue.

    Il faudrait tout de même se souvenir que la même allocation avait perdu 25% de sa valeur par rapport au SMIC durant les 25 années précédentes.

    Il faut aussi redire que de trop nombreuses personnes en situation de handicap ou de maladie invalidante n'ont rien vu venir puisque soumises à d'autres conditions de ressources.

    Et nous revoilà tous ensemble - je pense aux milliers de personnes rassemblées comme nous, au même instant, dans de nombreuses régions.

    Nous revoilà,

    - non seulement pour nous rappeler au bon souvenir des pouvoirs publics qui pensent que toutes les questions sont réglées pour nous, c'est faux;

    - non seulement pour réaffirmer notre volonté de voir créer un véritable revenu d'existence, indépendant des ressources du conjoint, ce n'est pas une nécessité, c'est une condition de la citoyenneté, c'est donc une exigence légitime;

    - mais aussi et toujours pour dénoncer l'extrême pauvreté des personnes en situation de handicap ou de maladie qui ne peuvent pas ou plus travailler du fait de cette situation;

    - mais encore pour crier au scandale de la dégradation de leurs conditions de vie déjà précaires à cause de mesures anti-sociales telles que la hausse du forfait hospitalier, les franchises médicales, la fiscalisation des indemnités du travail, le déremboursement de certains médicaments, la hausse du coût des mutuelles, et j'en oublie ...

    La santé n'est pas une marchandise.

    Nous ne pouvons que noter que nous venons encore de changer de ministre de tutelle... le 4ème en 3 ans...

    Voilà qui n'est pas rassurant pour instaurer une véritable  relation de travail.

    Nous n'avons eu que le temps de nous saluer, d'exposer nos attentes, les manques évidents et de proposer des solutions, puis de recommencer avec le successeur .

    Notre nouveau ministre est aussi l'ancien ministre du budget, qui, dans ses anciennes fonctions, a classé sans suites budgétaires nombre de sujets concernant le handicap, laminant ainsi jusqu'aux principes fondateurs de la Loi du 11 Février 2005.

    Difficile de ne pas y voir un symbole d'une approche budgétaire et financière des affaires sociales lorsque nous, nous parlons d'humains.

    Mr le président de la République, je m'interroge : lorsque vous nous disiez en introduction de la conférence nationale du handicap le 10 juin 2008, je cite : « Je serais à votre place, l'insatisfaction, ce n'est pas une fois de temps en temps que je l'exprimerais, c'est chaque seconde »

    Pourquoi avez-vous alors systématiquement refusé de nous rencontrer ?

    En début de cette semaine, deux sondages affirmaient que la majorité des Français souhaitent la poursuite des réformes. Eh bien nous en faisons partie ! Oui nous voulons une réforme !

    Mais pas n'importe laquelle !

    Une véritable réforme des ressources des personnes en situation de handicap ou malades, une véritable réforme de celles qui changent vraiment la vie de chacune et de chacun, en mieux !

    Si nous avons obtenu l'émergence de la question des ressources dans le discours politique. Il aura fallu notre mobilisation d'aujourd'hui pour que les ministres s'engagent enfin à une rencontre sur ce sujet des ressources dans les prochains jours.

    C'est tout ? C'est peu, me direz-vous.

    Je ne peux pas vous dire le contraire.

    Je ne peux que constater avec vous que les droits légitimes, les avancées sociales réelles, se gagnent de haute et longue lutte. Nous le savions hier, ne l'oublions pas demain.

    Pour être écoutés, il faut savoir se faire entendre.

    Par notre présence aujourd'hui, par nos actions d'hier et de demain, nous rendons ce combat pour la dignité incontournable.

    C'est pour cela que nous serons encore là demain, et après-demain et chaque fois qu'il le faudra.

     

    Nous serons là tant que durera cette injustice sociale flagrante qu'est la double peine « Handicap, maladie = pauvreté » !

    Merci à tous !