Des milliers de personnes manifestent en Pologne contre la quasi-interdiction de l'avortement. Le gouvernement affirme que la nouvelle interdiction mettra fin aux "avortements eugéniques", notamment en cas de trisomie 21.
Plusieurs milliers de personnes sont de nouveau descendues le soir du 29 janvier 2021 dans les rues de Varsovie pour crier leur colère, à la suite de l'entrée en vigueur d'un arrêt controversé interdisant pratiquement l'avortement. Des rassemblements similaires ont eu lieu également dans d'autres villes de Pologne, pour la troisième nuit consécutive depuis la publication de l'arrêt du Tribunal constitutionnel au Journal officiel. Conformément aux souhaits de la coalition de droite ultra-catholique au pouvoir, cet arrêt proscrit l'interruption volontaire de grossesse en cas d'anomalies foetales. Désormais, toute IVG est interdite en Pologne sauf en cas de viol ou d'inceste ou lorsque la vie de la mère est en danger.
Fin des avortements eugéniques ?
La Pologne, un pays majoritairement catholique, a l'une des lois les plus restrictives en matière d'avortement en Europe. Aujourd'hui, il y a moins de 2 000 avortements légaux par an en Pologne, selon les données officielles. Les organisations féministes estiment par ailleurs qu'environ 200 000 IVG sont réalisées illégalement ou à l'étranger chaque année. Le gouvernement affirme que la nouvelle interdiction mettra fin aux "avortements eugéniques", faisant référence à ceux de fœtus diagnostiqués avec une trisomie 21, mais selon nombre d'organisations de défense des droits de l'Homme, cette mesure forcera les femmes à mener des grossesses non viables.
"Mon corps, mon choix"
"Mon corps, mon choix", "Je pense, j'éprouve, je décide", "La révolution, elle a un utérus", "Vous avez du sang sur vos mains", proclamaient les pancartes brandies par les manifestants à Varsovie où plusieurs milliers de personnes ont répondu à l'appel de la Grève des femmes, le principal mouvement à l'origine des protestations, ont constaté des journalistes de l'AFP. Nombre de manifestants portaient des masques ornés d'un éclair rouge, le symbole des militants pro-avortement. Des appels à "l'IVG sur demande" et des mises en garde au gouvernement qui sera "aboli par les femmes", ont retenti au son de tambours et de quelques pétards fumigènes. Certains portaient des foulards verts autour du cou, le symbole des militants des droits à l'avortement en Argentine, qui ont réussi à obtenir la légalisation de l'avortement dans leur pays le mois dernier.