40 salariés d'une MAS, oubliés du Ségur, se mettent à nu

"Black Friday, soignants à -183 euros ! " Des salariés d'une MAS des Vosges mène une action insolite pour réclamer une hausse des salaires dans le médico-social, notamment handicap. Leurs photos et slogans font le buzz...

 

Inspirés par cette initiative « culot(t)ée », des salariés de l'Institut médico-éducatif de Plabennec, dans le Finistère, se sont également « mis à poil » pour dénoncer les « injustices » qui découlent, selon eux, du Ségur de la santé. Pour « se faire entendre » par le plus grand nombre, ils ont également créé le collectif « Tous à poil pour le Ségur », « un mouvement citoyen sans politique, sans syndicat, sans employeur ». Leur leitmotiv ? « Nous étions en première ligne lors du premier confinement, nous le sommes toujours ! »

Article initial du 25 novembre 2020

Une quarantaine de modèles, tous masqués mais certains à nu : « Quitte à être mis à poil par le Ségur, je préfère le faire moi-même ». Chacun sa pose, chacun son slogan : « Black Friday, soignants à -183 euros », « Hier applaudis et adulés, aujourd'hui oubliés et méprisés », « Si les vêtements ne sont pas de première nécessité alors qu'en est-il des soignants ? »... Objectif de cette mobilisation en images ? Interpeller le gouvernement.

Inégalité de traitement

Cette fronde pleine d'audace orchestrée par des professionnels d'un Foyer d'accueil médicalisé (FAM) et d'une Maison d'accueil spécialisée (MAS) situés dans les Vosges entend alerter sur les conséquences d'une des mesures du Ségur de la santé dans le médico-social handicap. On explique… Certains salariés de la fonction publique hospitalière travaillant dans les établissements de santé et l'ensemble des professionnels des Ehpad publics vont en effet bénéficier d'une augmentation de 183 euros net par mois. Mais en sont exclus, notamment, les professionnels du champ du handicap (article complet en lien ci-dessous).

Pourtant des collègues

Ces deux structures qui accueillent des personnes en situation de handicap psychique sont pourtant rattachées à un centre hospitalier, celui de Ravenel, représentant environ 8 % de son personnel. « C'est ce même établissement qui a procédé à notre embauche et nous rémunère, explique Orlane Pinto, l'une des employés mobilisés. Nos collègues travaillant en intra (ndlr, à l'hôpital) bénéficient de cette revalorisation salariale mais pas nous. » Depuis plusieurs semaines, ils sont nombreux, associations et parlementaires, à dénoncer cette « injustice profonde » envers ces « oubliés du Ségur » (article en lien ci-dessous) qui risque de conduire à une fuite des professionnels vers des secteurs plus alléchants... Ce que confirme Orlane : « Le handicap est pleinement touché par cette exclusion qui entraînera, dans la durée, un départ des agents, une difficulté de recrutement voire même la fermeture de ces structures par manque de moyens humains ».

De nombreux soutiens

Il fallait frapper fort pour « capter l'intérêt du plus grand nombre et être vus à défaut d'être entendus ». Lors d'une concertation, l'équipe adopte donc cette « alternative judicieuse ». Cette action a reçu de nombreux soutiens sur les réseaux sociaux, les internautes saluant son humour et son originalité.« Je trouve votre façon d'exprimer votre mécontentement extraordinaire », félicite Nathalie. « On est tous dans le même cas, il faut continuer à faire parler de nous », encourage, de son côté, Julie. Florence insiste : « Oubliés, abandonnés, isolés de la société comme, bien souvent, les personnes que nous accompagnons ». Cathy, qui travaille en MAS depuis 1997, se dit, quant à elle, « dégoûtée de ne pas être reconnue comme les soignants alors que nous avons le même diplôme » ; elle était pourtant « toujours présente durant la crise, fidèle au poste ». 

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