Tutelle, curatelle: les mandataires réclament plus de moyens

Tutelle, curatelle : des associations demandent une hausse du budget pour les mandataires qui s'estiment lésés et pourraient ainsi renforcer leurs effectifs. Chaque tuteur accompagne en moyenne 60 personnes ; beaucoup trop, selon la profession !

 

Les professionnels chargés d'exercer une tutelle ou une curatelle sur des personnes majeures, en raison de troubles psychiques, d'un handicap ou du grand âge, ont réclamé le 13 octobre 2020 une hausse de près de 20% des fonds publics qui leur sont alloués pour cette mission, ce qui permettrait d'augmenter leurs effectifs. Le secteur estime à 130 millions d'euros par an les besoins supplémentaires, afin de recruter 2 000 professionnels -en plus des 12 000 actuels-, ont expliqué lors d'un point de presse les représentants de l'Interfédération de la protection juridique des majeurs (IFPJM). "Les professionnels doivent être rapidement soutenus pour qu'ils puissent assumer un accompagnement de qualité auprès d'une population appelée à doubler d'ici à 20 ans", a plaidé l'IFPJM, qui fédère des associations tutélaires (Fnat), familiales (Unaf), ainsi que l'Unapei, représentant des personnes atteintes d'un handicap mental.

60 personnes par tuteur

Quelque 320 000 personnes vulnérables placées sous protection juridique sont actuellement suivies par des mandataires professionnels, et au moins autant par des bénévoles, généralement un membre de leur famille. Une telle hausse du budget permettrait notamment de limiter à 45 –contre près de 60 aujourd'hui- le nombre moyen de personnes vulnérables suivies par un même tuteur, et aussi d'augmenter la rémunération des professionnels de 300 euros brut par mois, a précisé Hadeel Chamson, délégué général de la Fnat. "Nous tirons la sonnette d'alarme car les conditions de travail sont actuellement très dégradées. Les  professionnels ont parfois le sentiment de mal faire leur travail, ils sont surchargés", a-t-il expliqué. Confrontés à une "lourde charge mentale au quotidien", les salariés des associations concernées sont rémunérés moins de 1 400 euros net par mois en début de carrière, ce qui pose un "vrai problème d'attractivité" pour recruter, selon lui.

Des économies pour la société ?

Depuis des années, le secteur peine à se faire entendre des pouvoirs publics qui ont tendance "à dire que nous coûtons trop cher", a déploré M. Chamson. En réalité, les dispositifs de protection juridique assurés par des professionnels font économiser de l'argent à la société, soutient l'IFPJM qui, pour tenter de le démontrer, a fait réaliser une étude par un cabinet privé, Citizing. Celui-ci estime à plus d'un milliard d'euros par an les "gains socio-économiques" générés par les mandataires à la protection juridique des majeurs, notamment car ils évitent à des dizaines de milliers de personnes vulnérables de basculer dans la pauvreté, voire dans le "sans-abrisme". "Pour chaque euro public investi, nous permettons à l'Etat d'économiser 1,50 euro", a détaillé M. Samson, pour qui ces chiffres soulignent la "légitimité des attentes" des professionnels.

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