Phénomène d'Uhthoff et canicule : patients SEP en surchauffe

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La canicule peut avoir des conséquences déplaisantes sur les patients atteints de sclérose en plaques, victimes du phénomène d'Uhthoff. Pas de panique, ce n'est pas une poussée et des solutions existent, notamment des gilets rafraîchissants.

 

Des températures torrides, tropicales, dépassant parfois les 41 degrés… La France suffoque. La période janvier-juillet 2020 a été la plus chaude jamais observée dans l'Hexagone depuis 1900. Ce lundi 10 août, 15 départements sont toujours en vigilance rouge selon Météo-France. 54 sont en orange. Un nouveau pic est attendu le 11. Cet épisode devrait durer jusqu'à mercredi 12. Si cette nouvelle canicule peut engendrer des risques pour la santé dans les zones urbanisées et sa persistance devenir problématique pour certains organismes fragilisés, il est des personnes qui en souffrent plus particulièrement, celles atteintes de sclérose en plaques.

Quels symptômes ?

En cas d'augmentation de la température du corps (un bain chaud, un exercice physique intense ou prolongé, une exposition à la chaleur, au soleil, de la fièvre…), certaines personnes peuvent en effet ressentir une réapparition de leurs symptômes, et notamment une fatigue accrue. Elles sont alors victimes du phénomène dit « d'Uhthoff ». Même si l'ophtalmologiste allemand Wilhelm Uhthoff a décrit, à la fin du XIXe siècle, une aggravation transitoire du flou visuel chez des patients atteints de névrite optique, ce phénomène peut concerner n'importe quel déficit neurologique impliquant une démyélinisation, et pas seulement la vision. « Chez d'autres personnes, ce sont des troubles sensitifs tels que des fourmillements, des picotements, des engourdissements ou encore une sensibilité accrue et désagréable, voire douloureuse, de la peau qui peuvent survenir. Plus rarement, le phénomène d'Uhthoff entraîne des symptômes moteurs, une faiblesse musculaire par exemple », explique le Dr Bertrand Bourre, du service de neurologie du CHU de Rouen sur le site de Sep-ensemble. 60 % à 80 % des personnes atteintes d'une sclérose en plaques seraient concernées par ce syndrome au cours de leur vie.

Poussée ou pas ?

Même si les symptômes d'une poussée et d'un phénomène d'Uhthoff sont similaires, il ne s'agit pas d'une poussée ou d'une aggravation de la maladie mais d'un blocage transitoire de l'influx nerveux accentué par la chaleur. Ce qui différencie l'une de l'autre, c'est la durée. Lorsque ceux-ci disparaissent après le retour à une température corporelle normale, il faut considérer que c'est un phénomène d'Uhthoff. Il n'y a donc pas de danger ! Si, en revanche, ils persistent au-delà de 24 heures, mieux vaut prendre contact avec son neurologue.

Quelles solutions ?

Des réponses doivent alors être mises en œuvre rapidement pour éviter la surchauffe… Climatisation, brumisation, bains froids, application sur le corps de linges mouillés ou de glaçons et packs sortis du congélateur enveloppés dans des tissus, bains de pied ou de bras, hydratation avec des boissons fraîches... Charlotte Tourmente, médecin et elle-même atteinte de la SEP (témoignage vidéo en lien ci-dessous), livre ses conseils dans une vidéo… les pieds dans un ruisseau ! « Mettez-vous à proximité d'un ventilateur devant lequel vous aurez placé un bol d'eau froide, c'est plus efficace ».

Des vêtements rafraîchissants

On trouve également dans le commerce des vêtements rafraîchissants par évaporation (gilets, pantalons ou manchettes) qui, remplis d'eau froide, contribuent activement au refroidissement. « On en trouve facilement sur le net et ça vaut le coup de l'investissement », ajoute Charlotte Tourmente. Si les modèles testés pour la SEP sont prescrits par le médecin, une partie des coûts peut être prise en charge par l'assurance maladie. « Ainsi, j'ai pu retrouver un certain confort de vie avec le sentiment de beaucoup moins subir cette maladie », témoigne Benjamin Veltin, patient expert de la Ligue française contre la sclérose en plaques, qui a fait l'acquisition d'une « cryovest » équipée, quant à elle, de compresses froides.

Un plan canicule

Rappelons par ailleurs que le plan national canicule est activé depuis le 1er juin 2020 (article en lien ci-dessous). Chaque mairie doit disposer d'un registre nominatif où sont recensés, s'ils en font la demande, certains publics fragiles. Trois catégories peuvent y figurer, à condition de résider à domicile : les personnes âgées de 65 ans et plus, celles de plus de 60 ans reconnues inaptes au travail et les adultes handicapés. Il propose également une plateforme téléphonique Canicule info service, accessible au 0 800 06 66 66 (appel gratuit depuis un poste fixe) de 9 heures à 19 heures.

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