Le travail, ce n’est plus la santé pour les personnes handicapées

Plus durement frappés d'un point de vue économique, fatigués et inquiets, les travailleurs handicapés ont moins peur du coronavirus que des conséquences de la crise sur leur activité professionnelle.

 

Une enquête Agefiph-Ifop, montre que les travailleurs handicapés partagent les aspirations de l’ensemble de la population quant à leur activité professionnelle en période de déconfinement. Elle met cependant en évidence les effets négatifs croissants de la crise sur leur santé physique et mentale.

Des salariés comme les autres, mais plus vulnérables, notamment d’un point de vue psycho-social et économique. Tels sont les principaux enseignements de la deuxième consultation menée par l’Agefiph auprès d’environ 4 000 personnes handicapées actives ou en recherche d’emploi, du 18 au 26 juin 2020.

Une enquête sur les conséquences de la crise de Covid au quotidien, qui complète une première consultation centrée, elle, sur le travail en confinement. Et dont les réponses, analysées par l’Ifop, ont été croisées avec celles d’enquêtes analogues menées auprès de l’ensemble des actifs français.

Volonté de retrouver collègues, vie sociale et bureau

Il en ressort donc que la motivation des personnes en situation de handicap à l’idée de retrouver leurs collègues et du lien social est égale à celle des autres actifs (46 % vs 49 %). Il en va de même pour leur cadre habituel de travail (33 % vs 30%). Leurs réponses sont aussi analogues sur le fait de retrouver à leur travail un sens qui avait peut-être fait défaut pendant le confinement (27 % vs 28 %).

En revanche, les travailleurs handicapés se montrent bien moins enthousiastes face à un développement massif du télétravail. Ils sont en effet 62 % à le souhaiter. Ce qui les situe 20 points en dessous de l’ensemble de la population. Par ailleurs, plus d’un tiers d’entre eux estiment que le télétravail a eu un impact négatif sur les conditions de travail, tandis qu’une même proportion se montre neutre sur cette question.

Des personnes en situation de handicap fatiguées

La reprise du travail soulage certes les personnes en situation de handicap dans les mêmes proportions que les autres actifs. Mais elles ne l’abordent pas avec autant de sérénité. Seules 14% se disent en forme, contre 26 % dans l’ensemble de la population. Et 44 % se déclarent fatiguées (vs 29 %).

Plus inquiétant, deux tiers des personnes interrogées disent vivre plus souvent des périodes de stress, de nervosité et d’anxiété depuis le début de la crise du coronavirus. Elles estiment aussi, à 34 %, que leur santé physique s’est dégradée. Un nombre qui dépasse les 50 % pour celles ayant un handicap mental, un multi-handicap ou un polyhandicap.

Des difficultés économiques conjuguées au pessimisme

Avec des conséquences non négligeables, puisque les personnes dont la santé s’est dégradée jugent, à près de 80%, que cela a eu un impact négatif sur leur situation professionnelle. Un impact très négatif, même, pour plus d’un tiers des demandeurs d’emploi. Or, ces problèmes de santé, elles les ont rarement évoqués avec des acteurs internes à l’entreprise, mais plutôt avec le médecin traitant ou le conseiller Cap emploi ou Pôle emploi.

Dernier point, seul un tiers des personnes en situation de handicap disent s’en sortir facilement d’un point de vue économique, contre près de la moitié pour le grand public. L’avenir est également perçu de façon pessimiste par deux tiers des personnes interrogées et plus de la moitié (53 %) des actifs handicapés craignent pour leur emploi. Les conséquences économiques de la crise sont d’ailleurs plus redoutées (58 %) que la possibilité d’être infectées par le virus (42%). Pas vraiment de quoi retrouver le moral !

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