Gilles Le Druillennec : « Je me suis revu à l'âge de Mathieu quand je ne marchais pas du tout. Du coup, je l’ai encouragé à le faire. Le film se base sur cette idée. »
Gilles Le Druillennec fait partie de ces êtres à part. Atteint d’infirmité motrice cérébrale, il a été chauffeur de bus et de cars, moniteur et formateur de voile, directeur de centre nautique, comédien… Aujourd’hui, au centre du documentaire Capitaine Fantastique aux côtés d’un jeune garçon. Rencontre avec un homme sensible et plein d’entrain.
Faire-face.fr : Vous avez la particularité d’être la seule personne handicapée en France titulaire du brevet d’État d’éducateur sportif option voile premier degré. Comment y êtes-vous parvenu ?
Gilles Le Druillennec : J’ai commencé la voile à 7 ans. J’habitais à Paimpol, au bord de la mer, et avais convaincu le directeur de l’école de voile de me prendre. Ce sport m’a plu et fait du bien.
Dès mes 18 ans, j’ai passé mon certificat d’aptitude à le pratiquer et à être animateur. Puis mon Bafa… avant de décrocher différents diplômes fédéraux que les autorités ont tenté de me supprimer, du fait de mon handicap, quand j’ai été candidat au brevet d’État. Mais j’ai fini par être autorisé à le passer et l’ai obtenu en 1998.
Entre-temps, en 1996, j’ai eu le permis de transport en commun pour être chauffeur de cars. J’ai aussi fondé l’association Barrez la Différence* et rendu accessible à tout public le voilier La Mouette Rieuse. Objectif ? Accueillir personnes handicapées et valides, les faire se rencontrer et, ainsi, ne pas rester dans le handisport.
L’humour, ressort intéressant
F-f.fr : Une autre de vos caractéristiques est l’humour. Comme en témoignent les jeux de mots autour des noms de vos associations et voilier.
G.L.D : L’humour est un ressort intéressant. J’y recours dans un spectacle autobiographique et interactif que je joue dans les écoles en France et en Europe. J’interprète mon propre rôle. Celui du “Tordu au sourire irrésistible”.
Ces interventions en milieu scolaire me permettent de briser les barrières, de sensibiliser au handicap, de faire réfléchir…
Série sur les différents handicaps
F-f.fr : La comédie, est-ce aussi ce qui vous a conduit à devenir le héros du moyen métrage Capitaine Fantastique de Jean-François Castell aux côtés d’un jeune garçon, Matthieu ?
G.L.D : C’est plutôt la rencontre avec le papa d’un jeune autiste, qui aimait l’eau et le cinéma, dont l’évolution avait été filmée par Jean-François Castell, le réalisateur de Capitaine Fantastique. Cela a donné à notre association l’idée de tourner avec lui une série de petits films expliquant les différents types de handicap. Série terminée avec Mathieu atteint du même handicap que le mien.
Il s’est alors produit un déclic. Je me suis revu à son âge quand je ne marchais pas du tout. Du coup, je l’ai encouragé à le faire. Le film se base sur cette idée.
* Reconnue d’intérêt général, elle se fixe deux objectifs principaux. Aider par le biais d’actions nautiques, pédagogiques, théâtrales et éditoriales à changer le regard sur le handicap. Permettre aux personnes handicapées d’être mieux accueillies dans notre société – https://www.facebook.com/GillesLeDruillennec/