Le ministre de la Santé, Olivier Véran - à droite sur la photo - s'est voulu rassurant alors qu'une note de l'ARS d'Île-de-France avait jeté le trouble en précisant les critères d'admission en unités de réanimation.
Olivier Véran, le ministre de la Santé, « pourfend avec la plus grande fermeté » toute tentation de faire du handicap un critère de non admission en réanimation pour les patients atteints du Covid-19. Les associations de personnes handicapées avaient alerté sur ce risque.
« Le handicap ne doit pas être un critère de refus de soins. Que l’on parle d’une hospitalisation simple ou d’une réanimation. » Olivier Véran, le ministre de la Santé, a réaffirmé ce principe évident lors d’une conférence de presse, ce samedi 4 avril.
Cette prise de position vise à rassurer les associations, inquiètes du sort réservé aux personnes handicapées atteintes du Covid 19. Dans une tribune à paraître demain dans le Journal du Dimanche, le Collectif handicaps, qui regroupe 48 associations, exprime ses craintes qu’elles ne soient plus admises en réanimation. Notamment dans les zones les plus touchées.
Une note a alimenté les inquiétudes
Une note de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France a alimenté ces craintes. Ce document vise à guider les professionnels qui doivent décider de l’admission des patients en unités de réanimation. Les experts l’ayant rédigée recommandent de prendre en compte, entre autres, l’état antérieur du patient.
Cela inclut son âge, ses comorbidités – c’est-à-dire la présence de maladies et/ou troubles s’ajoutant au Covid-19 – et la dégradation de son état général lors des derniers mois. Mais aussi, et c’est ce qui pose problème, l’état de ses fonctions cognitives (que comprend-il ?, etc.). Et sa fragilité (est-il dépendant pour les actes de la vie quotidienne?, etc. ).
Dans la note de l’ARS, « ces critères médicaux de fragilité au Covid-19 se retrouvent utilisés de manière discriminatoire pour écarter les patients des soins intensifs », commente une source médicale.
Un handicap ne peut être « un frein à l’admission en réanimation »
Olivier Véran l’a d’ailleurs reconnu lors de sa conférence de presse. « Ce document aurait pu laisser penser qu’un handicap psychique ou qu’un handicap cognitif puisse constituer un frein à l’admission en réanimation de malades atteints du Covid-19. Je pourfends cela avec la plus grande fermeté. (…). Il ne saurait être question de mettre le moindre obstacle à leur admission pour ce seul motif. »
Discrimination dans un hôpital du Grand Est
Le ministre de la Santé s’est voulu rassurant. « La polémique n’est pas née d’une pratique qui aurait été observée mais de la publication en interne », de cette note. Mais l’existence même de cette dernière montre que les risques de dérive de certains professionnels existent.
Et les experts qui l’ont rédigée ne sont pas les seuls à envisager concrètement une discrimination fondée sur le handicap. L’Agence France presse a ainsi rapporté, vendredi 3 avril, le témoignage d’un médecin. Celui-ci intervient dans des établissements pour personnes handicapées dans le Grand Est.
Le « niveau de handicap » parmi les critères pris en compte dans certains établissements
Dans un courriel, l’hôpital de proximité dont dépendent ces structures, estime « nécessaire d’adopter une stratégie de prise en charge proportionnée ». Pour « maximiser les chances de survie des résidents pouvant potentiellement passer un cap » et « accompagner » (sans hospitaliser) « celles ou ceux qui malheureusement ne le passeront pas ».
Il recommande donc d’évaluer les éventuelles pathologies dont souffre par ailleurs le patient. Il cite, parmi les critères à prendre en compte, l’insuffisance respiratoire ou cardiaque, le diabète…. Mais aussi des troubles psycho-comportementaux ou un certain « niveau de handicap ». La prise de parole d’Olivier Véran s’imposait.
Dans un communiqué publié après la conférence de presse, le Collectif handicaps, regroupant 48 associations dont APF France handicap, l’Unapei, l’Unafam…, estime qu’elle « est de nature à lever les craintes des personnes handicapées et de leurs familles, qui espèrent cependant que ces principes éthiques seront pleinement appliqués sur le terrain ».