Les personnes malades sont à l'isolement total, dans leur chambre. Assistées par des salariés devant respecter un protocole strict.
Le Grand Est est la région actuellement la plus touchée par le Covid-19. Dans leurs établissements accueillant des personnes handicapées, les associations gestionnaires font face. En s’adaptant aux moyens disponibles et au handicap des résidents.
Tous les jours, à 16h00, les chiffres tombent sur le bureau de Pierre Salachas. Les remontées de la soixantaine d’établissements et services d’APF France handicap dans le Grand Est permettent au directeur régional de l’association de connaître le nombre de personnes atteintes du Covid-19. Parmi les 2 800 personnes en situation de handicap accompagnées, qu’elles résident en structures ou vivent à domicile. Mais aussi parmi ses 1 000 salariés. Soit quelque 3 800 personnes au total.
Un taux d’hospitalisation sept fois plus élevé qu’en Bretagne
Aujourd’hui, 82 présentent des symptômes pouvant évoquer le tableau clinique du Covid-19. Autant d’usagers que de salariés. Trois sont hospitalisées. Heureusement, l’association ne déplore aucun décès.
« Même s’il faut bien avoir conscience que nous ne sommes pas arrivés au pic, ou au plateau, épidémique, la situation est plutôt conforme au contexte sanitaire dans la région, fortement touchée », précise Pierre Salachas.
Le 31 mars, 4 246 personnes étaient hospitalisées dans le Grand Est, qui regroupe l’Alsace, la Champagne-Ardenne et la Lorraine. Soit 7,7 habitants pour 10 000. C’est le taux le plus élevé de France. Sept fois supérieur à celui de la Bretagne ou de la Nouvelle Aquitaine, les plus épargnées.
Des stocks d’équipements limités
« Ce suivi épidémiologique est un outil de pilotage essentiel, explique Pierre Salachas. Il nous permet d’affecter nos personnels et nos moyens matériels au fur et à mesure de l’évolution des territoires atteints. » La gestion des masques, charlottes, surblouses… se fait au niveau régional. Les attributions sont les plus précises possibles car les stocks sont limités. Le port du masque n’est donc pas systématique dans les établissements.
Conformément aux directives de l’ARS, tous les salariés travaillant auprès de résidents malades ou présentant des symptômes, ou eux-mêmes symptomatiques, en sont toutefois équipés.
Le taux d’encadrement dans les établissements reste stable
Pour les moyens humains, l’association dispose de personnels en réserve. Elle a en effet réduit, dès le début du confinement, l’activité des établissements ambulatoires ou n’assurant pas d’internat. Une consigne gouvernementale. Et celle des services socio-éducatifs et de soins, qui accompagnent des enfants et des adultes vivant à domicile, s’est ralentie. Même s’ils continuent à assurer un suivi téléphonique. Voire des interventions sur place lorsque la situation l’exige.
« Selon les besoins, nous affectons ces salariés dans les établissements pour remplacer leurs collègues absents, car malades ou en arrêt, précise Pierre Salachas. Le taux d’encadrement est resté le même. Ce qui nous permet de continuer à garantir le niveau de prestations habituel. Pour les résidents, rien n’a bougé au niveau de l’aide à la toilette, à l’habillement… »
Repas en solo dans les chambres
Mais, pour le reste, le changement est radical. Progressivement, depuis l’instauration du confinement, les mesures se sont durcies. Ni sorties, ni de visites bien sûr. Et depuis quelques jours, les pensionnaires doivent rester dans leur chambre. Même pour y manger.
Ils ont seulement le droit de sortir, à tour de rôle, pour prendre l’air. Voire s’accorder un petit tour dans le hall, le seul lieu où ils peuvent faire de rares rencontres, tout en restant éloignés d’au moins un mètre. Toutes les animations ont été suspendues.