Décidemment, l’affaire du Médiator n’en finit pas de rebondir et de faire parler d’elle. Si ce scandale s’étend, c’est à l’initiative des juges parisiens en charge de l'instruction. Ces derniers ont, dans le cadre du volet "tromperie et prise illégale d'intérêts" du dossier, convoqués deux ex-cadres de l'Agence nationale de sécurité du médicament (aujourd'hui Afssaps). L’information a été rapportée par nos confrères du Figaro qui ont pu avoir accès à certains procès-verbaux.
En substance, il devrait être notamment demandé aux deux experts de s’expliquer sur leur lien avec les laboratoires Servier qui ont produit et commercialisé le Médiator. En effet, au moins un de ces médecins, à l’époque (de 1985 à 2000) où il occupait un poste-clé au sein de la commission d'autorisation de mise sur le marché et de l'évaluation des médicaments, a perçu des sommes importantes de la part de Servier. Rappelons qu’entre 1995 et 2000, tous les coupe-faim avaient été retirés du marché. Tous sauf un. Le Médiator…
Gros scandale mais mince taux d’indemnisation
Du côté des victimes, c’est l’incompréhension. Fin janvier 2013, sur 7 734 dossiers de patients reçus par l'Oniam (Office national d’indemnisation des accidents médicaux), 836 avis ont été rendus. Un rythme d’escargot qui implique un délai d’au moins cinq années pour que tous les cas soient examinés. Et surtout, à ce jour, seuls les cas de 64 personnes, dont une victime décédée, ont été retenus par le collège indépendant d'experts de l’Oniam. C'est-à-dire que seulement 5 % des présumées victimes ont été considérées comme telles par les experts de l’Office d’indemnisation.
Outre ces décisions très défavorables aux patients, l’avis de l’Oniam surprend car il va parfois à l’opposé de celui des experts nommés par la justice !
Ce qui fait dire à Irène Frachon, médecin à l’origine de la révélation du scandale, que « le taux de reconnaissance des valvulopathies (dysfonctionnements des valves cardiaques) liées au Médiator est extraordinairement bas. C’est un scandale. Nous demandons la démission du président du collège de l’Oniam. » Un de ses membres, le Dr Philippe Hervé, a déjà démissionné de lui-même en signe de protestation.
Rappelons que l’usage du Médiator, commercialisé entre 1976 et 2009 à destination des diabétiques en surpoids, a été largement détourné pour être prescrit comme coupe-faim. Cette molécule est soupçonnée d'avoir provoqué de 500 à 2 000 décès. Outre le volet indemnisation des victimes, le fondateur des laboratoires Servier, Jacques Servier, a été mis en examen en décembre pour homicides et blessures involontaires. O. Clot-Faybesse
Source texte : blog faire face