Jouons ensemble : les médias s'engagent pour le parasport?

Du 17 au 23 mai 2021, les médias audiovisuels sont dans les starting-blocks pour promouvoir la visibilité du parasport via l'opération "Jouons ensemble". Objectif, mettre ces athlètes invisibles en lumière et promouvoir la pratique pour tous. Enfin?

 

Le parasport, négligé par les médias ? C'est un fait, les sportifs en situation de handicap souffrent d'un déficit chronique d'image et de notoriété. Un chiffre : 0,9 %, c'est le pourcentage de personnes handicapées dans les programmes et retransmissions sportifs alors qu'elles représentent 18 % de la population. Seule « petite » aubaine, les Jeux paralympiques, avec une couverture en crescendo : 10 heures à Londres en 2012 contre 100 à Tokyo en 2021. A part ça, ce ne sont que « quelques minutes par an », déplore Roch-Olivier Maistre, président du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel), Roxana Maracineanu, ministre des Sports, admettant à son tour qu'il faut « progresser dans ce domaine ». Michaël Jeremiasz, ex champion de tennis fauteuil, regrette que ses pairs n'aient pas la « visibilité qu'ils méritent », insistant sur le fait que cette « discrimination ne concerne pas que le sport »...

Du 17 au 23 mai 2021

Pour tenter de changer la donne en cette année olympique -à quelques mois des Jeux de Tokyo-, l'opération Jouons ensemble est lancée du 17 au 23 mai 2021. Une première en France ! Elle est organisée par le CSA en partenariat avec le gouvernement et le Comité paralympique et sportif français (CPSF) pour qui « la médiatisation est au cœur des préoccupations ». Selon sa présidente, Marie-Amélie Le Fur, ce n'est pas « seulement une question d'argent mais de conviction », celle de « mieux respecter les athlètes qui s'engagent ». Elle en appelle à la « responsabilité collective » et, à six mois des Jeux paralympiques, réclame de la part des diffuseurs un vrai « coup d'accélérateur ». Objectif de ce temps fort en mai ? Bousculer les préjugés en incitant les médias audiovisuels (télévisions et radio) à intégrer plus de retransmissions sportives mais aussi plus de sujets, émissions et interviews consacrés au parasport et aux acteurs du monde du handicap. Cet engagement constitue la « mesure phare » de la Stratégie nationale sport et handicaps du ministère des Sports et du plan Héritage de l'Etat en vue des Jeux de Paris 2024.

Encourager la pratique sportive

L'ambition de cette opération est donc d'ancrer le parasport dans notre paysage audiovisuel en « présentant le handicap de manière positive ». Elle vise à consolider l'engagement des grandes chaînes qui ont signé en 2019 une charte pour une meilleure représentation du handicap dans les médias (article en lien ci-dessous), sans qu'elle n'ait, pour l'heure, produit des effets « spectaculaires ». Tout au long de cette semaine, les médias seront donc encouragés à valoriser les parcours inspirants des paralympiens. Mais pas que ! L'idée est également de « susciter l'envie de pratiquer une activité physique chez les personnes en situation de handicap », explique le communiqué. Or si 90 % d'entre elles pensent qu'il est important ou essentiel de pratiquer une activité physique (sondage FDJ 2015), seules 48 % s'y adonnent vraiment (contre 34 % des Français). Rappelons qu'en cette période de crise, elles bénéficient de mesures dérogatoires pour poursuivre leurs activités sportives et qu'une récente charte a été signée pour promouvoir le sport dans les établissements médico-sociaux (articles en lien ci-dessous). Autre atout : le Handiguide des sports, disponible en ligne, permet de trouver un club près de chez soi (article en lien ci-dessous).

Des parcours inspirants

Jouons ensemble défend également l'idée que le sport est un « vecteur d'inclusion et d'épanouissement personnel et professionnel », citant en exemple les parcours de résilience de nombreux athlètes : Théo Curin (nageur paralympique, mannequin, comédien et aventurier), Pauline Déroulède (espoir du tennis fauteuil français, influenceuse, engagée dans un combat pour la sécurité routière), Charles Rozoy (nageur médaillé, conférencier), Damien Seguin (navigateur) ou encore Marie-Amélie Le Fur (athlète multimédaillée présidente du CPSF). Pauline et Damien sont d'ailleurs les parrains de cette opération, une campagne « booster » que ce dernier juge « très positive ». Selon ce skippeur, qui, étant venu à bout du Vendée Globe en 2020 a bénéficié de retombées d'envergure, « l'augmentation de la visibilité permet d'acculturer les publics et de susciter l'intérêt et l'enjeu du sport pour la santé publique ». Bien d'autres noms s'inscrivent dans ce palmarès… « Il y a de belles histoires à raconter d'ici les Jeux », encourage Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap. TF1, L'Equipe, Canal +, le groupe NRJ, France Télévisions… Prenant la parole à l'occasion d'un webinaire le 1er avril 2021, tous se sont engagés à une « meilleure représentativité du handicap dans toutes ses diversités ». France media monde a proposé de créer rapidement un groupe de travail dédié pour mutualiser les ressources et pratiques car la chaîne explique que ses journalistes ont « beaucoup de mal à accéder à cette info ciblée ».

D'autres actions

Fin 2020, le CSA a déjà mis en place un « comité de rédaction handicap » (article en lien ci-dessous) qui propose des axes de réflexion concrets pour améliorer le traitement du parasport dans les médias et surtout les encourager à utiliser les « mots justes ». Par ailleurs, un fonds d'aide à la médiatisation géré par le CNDS permet d'accroître l'exposition médiatique des disciplines et évènements sportifs concernant, notamment, les personnes handicapées (article en lien ci-dessous). Sophie Cluzel promet que le handicap va exploser les compteurs au prochain baromètre CSA. Les diffuseurs vont-ils devenir les « champions » de la diversité ? Rendez-vous sur ce podium…

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