Un médecin qui prétendait guérir l'autisme radié

Un médecin de l'Ain, membre d'un collectif qui affirme pouvoir guérir l'autisme à l'aide de médicaments anti-infectieux, a été radié par l'Ordre régional des médecins pour "fautes déontologiques" et a fait appel de cette décision.

 

Le Dr Philippe Raymond, médecin généraliste à Bourg-en-Bresse (Ain), s'est vu infliger "la sanction de la radiation du tableau de l'Ordre des médecins", selon le texte de la décision, datée du 8 décembre et transmise mercredi à l'AFP par la Chambre disciplinaire de première instance (CDPI) de l'Ordre des médecins de la région Auvergne-Rhône-Alpes. "Le Dr Raymond a interjeté appel de cette décision qui n'est donc ni définitive ni exécutoire", a précisé la CDPI.

Pratiques controversées

Ce praticien est un membre fondateur de Chronimed, collectif de médecins créé notamment par le controversé Pr Luc Montagnier, pour "recherche(r) les causes infectieuses cachées dans les pathologies chroniques". Ce collectif défend notamment un protocole de soin de l'autisme et de la maladie de Lyme par des médicaments antibiotiques, antifongiques et antiparasitaires, dont l'efficacité n'a pas été validée scientifiquement. La CDPI avait été saisie en avril 2019 par le Conseil national de l'ordre des médecins, qui estimait que "la prise en charge par ce médecin de patients autistes, qui ne correspond pas aux données acquises de la science, est contraire à ses obligations déontologiques".

"1ère victoire" pour SOS Autisme France

L'instance disciplinaire donne raison au Conseil national de l'ordre : "le Dr Raymond a méconnu les dispositions (...) du code de la santé publique" qui stipulent notamment que les soins délivrés par un médecin doivent être "fondés sur les données acquises de la science" et que, dans son expression publique, "il doit ne faire état que de données confirmées, faire preuve de prudence et avoir le souci des répercussions de ses propos auprès du public". Une décision qualifiée sur Twitter de "première victoire pour SOS Autisme France" par la présidente de cette association, Olivia Cattan, qui a publié en septembre un livre dénonçant ces pratiques et alerté l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

"Désolation" pour France Lyme

L'Agence avait à son tour saisi le procureur de la République pour lui signaler le cas de plusieurs médecins."C'est avec stupéfaction et désolation, que nous avons appris ce jour la sanction de radiation, infligée au Dr Philippe Raymond", a en revanche réagi dans un communiqué l'association France Lyme, défendant un médecin "dévoué et engagé", "sous le coup d'aucune plainte à charge de patients", qui avait fait partie du groupe de travail sur la maladie de Lyme à la Haute autorité de Santé (HAS) en 2018.

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