Handicap: vers un meilleur accès aux grandes surfaces?

Faciliter l'accès aux grandes surfaces des personnes avec des difficultés physiques, mentales ou neurologiques ? L'Assemblée nationale réclame une négociation entre associations et commerçants en vue de mesures concrètes.

 

Passage en caisse facilité, rayons adaptés, bruit moins agressif, musique et annonces sonores coupées, lumière tamisée... L'Assemblée nationale a demandé le 28 janvier 2021 une vaste concertation entre professionnels et associations pour améliorer l'accès aux grandes surfaces des 12 millions de personnes handicapées de France.

Une concertation sous 18 mois

Une proposition de loi en ce sens de la députée MoDem Nadia Essayan a été largement adoptée en première lecture (85 voix pour et trois abstentions) dans le cadre d'une journée réservée à des textes émanant de la formation centriste. La concertation doit définir une série de mesures sous 18 mois, au terme desquels le gouvernement doit présenter au Parlement un rapport sur des mesures concrètes, assorti d'un calendrier de mise en œuvre. Ce délai permet de prendre en compte les difficultés actuelles du monde du commerce, durement touché par la crise du Covid-19, assure Nadia Essayan. "Les grandes surfaces ont déjà fait beaucoup mais il reste des problématiques non prises en compte", estime la parlementaire. Plutôt que d'imposer des mesures précises, ce texte veut favoriser "un climat de dialogue, de confiance et de concertation" pour faire avancer la question du handicap.



Une formidable occasion

La proposition de la députée du Cher concerne l'accessibilité des ensembles commerciaux, ainsi que des commerces de détail d'une surface de vente de plus de 1 000 m2. Malgré les dispositions déjà existantes, près de la moitié des quelque 1,8 à 2 millions d'établissements recevant du public (ERP) de France ne disposent pas encore d'une accessibilité adaptée, a relevé Annaïg Le Meur (LREM). La secrétaire d'Etat au Handicap, Sophie Cluzel a salué une "formidable occasion" de "poursuivre les chantiers sur toutes les dimensions de l'accessibilité universelle". Le texte ne mentionne aucune mesure en particulier mais elle a évoqué des pistes : réduire l'attente aux caisses, faciliter la présence des chiens d'accompagnement, l'assistance dans les rayons, entre autres.

Une heure silencieuse

Le texte avait à l'origine une ambition très ciblée : instaurer une "heure de silence" dans les grandes surfaces afin d'en faciliter l'accès aux personnes autistes, qui peuvent être perturbées par un bruit ambiant élevé et des lumières agressives (article en lien ci-dessous). Devant l'intérêt soulevé par cette initiative, il a été décidé de "donner une ambition nouvelle" à la proposition de loi initiale en l'étendant à toutes les formes d'accessibilité pour toutes les personnes en situation de handicap -physique, mental, sensoriel, neurologique etc.- , a indiqué Mme Essayan. L'idée de généraliser ce moment de tranquillité pour aider les personnes autistes à accéder aux grandes surfaces est en bonne voie après des expérimentations réussies dans des magasins Super U (article en lien ci-dessous), et pourra faire partie de la future concertation, a-t-elle souligné.

Pas assez contraignant ?

Certains députés d'opposition auraient préféré que le texte soit plus contraignant, afin de ne pas rester à l'état de "voeux pieux". Le communiste Sébastien Jumel a ainsi "regretté que nous soyons restés un peu au milieu du gué". L'ancienne ministre du Logement Sylvia Pinel (Libertés et Territoires) a déploré que le texte se limite à "appeler à une concertation". Plus critique, le groupe de la France insoumise (LFI) a appelé à l'abstention, Adrien Quatennens fustigeant un "manque d'ambition terrifiant". Le texte doit désormais passer devant le Sénat.

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