NOHL : thérapie génique innovante pour restaurer la vue

Des chercheurs français ont mis au point une thérapie génique innovante pour restaurer la vision des personnes atteintes de neuropathie optique héréditaire de Leber. Après des essais cliniques concluants, une commercialisation est envisagée.

 

Un déclin brutal et bilatéral de la vision pouvant conduire à la cécité, c'est ce que provoque la neuropathie optique héréditaire de Leber (NOHL) qui touche une personne sur 30 000 à 50 000 dans le monde. Cible principale ? Les jeunes hommes de moins de trente ans. Cette maladie rare, transmise par les gènes maternels, est principalement causée par des mutations de l'ADN mitochondrial (situé à l'extérieur du noyau, il assure la production d'énergie nécessaire au bon fonctionnement de la cellule) qui affectent la production de la protéine ND4. Concrètement, cela se manifeste par un dysfonctionnement du nerf optique qui transmet les informations de l'œil au cerveau. Alors que les options de traitements étaient jusqu'alors très limitées, des chercheurs de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), Sorbonne Université, du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et de l'Institut de la vision ont conçu une approche de thérapie génique permettant de corriger le défaut d'un gène mitochondrial. Une technique inédite aux résultats inespérés !

Fluidifier la production de protéines

Pour rappel, la thérapie génique est une stratégie thérapeutique qui consiste à introduire du matériel génétique dans des cellules pour soigner une maladie (article en lien ci-dessous). Pour permettre au traitement de pénétrer correctement dans les cellules d'un patient, les scientifiques utilisent, dans la plupart des cas, un vecteur viral qui assure son transport jusqu'au noyau. L'équipe menée par Marisol Corral-Debrinski, José-Alain Sahel et Serge Picaud a développé une approche qui consiste à ajouter au gène des séquences d'ADN dites « séquences d'adressage ». « Leur fonction est d'assurer que la traduction du matériel génétique en protéines fonctionnelles se fasse directement au contact des mitochondries », détaillent les chercheurs.

Essai clinique concluant

Après un premier essai clinique concluant mené auprès de 37 patients, un second, baptisé « Reverse », a été réalisé par un consortium international en Europe et aux Etats-Unis. Le résultat est sans appel : l'injection du vecteur de thérapie génique dans un œil permet une amélioration bilatérale de la vision chez plus de trois-quarts des patients. Cette amélioration se traduit par une augmentation moyenne de 15 lettres sur l'échelle ETDRS pour l'œil traité, soit trois lignes sur le tableau utilisé par les ophtalmologues pour déterminer l'acuité visuelle. « Cet effet bénéfique sur les deux yeux à la suite d'une injection dans l'un deux était inattendu », révèlent les chercheurs. Après avoir testé cette thérapie sur des animaux, pour mieux comprendre le phénomène, ils ont découvert que cet effet bilatéral s'expliquait par le transfert du gène sain d'un œil à l'autre. Cette découverte représente, selon eux, « une véritable option thérapeutique contre la cécité » pour les personnes atteintes de NOHL, qui ouvre, par ailleurs, « des perspectives pour son application pour d'autres maladies mitochondriales dans d'autres tissus ».

A l'issue de ces travaux, GenSight Biologics, start-up issue de l'Institut de la vision qui a mis au point et réalisé le développement clinique de ce traitement, a déposé, en septembre 2020, une demande d'autorisation de mise sur le marché de ce vecteur de thérapie génique innovant, auprès de l'Agence réglementaire européenne. Son nom ? Lumevoq.

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