Une rentrée sans masque pour certains AESH

Rentrée amère pour certains AESH non comptabilisés dans le quota de masques, assignés à des tâches hors mission ou qui dénoncent le fonctionnement des Pial. Le gouvernement promet pourtant des mesures, dont 8 000 recrutements.

 

Des AESH sans masque face aux élèves ! Dans certaines écoles, ils n'ont pas été, au même titre que les enseignants, comptabilisés dans le quota. « Nous avons des remontées de ce type dans une dizaine de départements, assure Hélène Elouard, représentante du Collectif AESH national CGT Educ'action, de l'aveu même de certains IEN (Inspecteurs de l'Education nationale). Nous avions déjà été confrontés à cette situation en mai 2020, lors de la reprise post-confinement et, à la rigueur, on pouvait comprendre car il y avait une pénurie de masques mais, aujourd'hui, c'est quoi le motif ? Il faut croire que la mise en lumière de cette situation à l'époque (article en lien ci-dessous) n'a servi à rien et que cette pseudo-hiérarchie demeure ». Elle déplore que ces accompagnants, dans des situations souvent précaires, avec à peine 700 euros par mois, soient obligés de venir avec leur propre masque.

Un protocole sanitaire pourtant formel

Le protocole sanitaire de l'Education nationale dédié aux AESH est pourtant formel. Il précise que, étant obligatoire pour tous les adultes en contact direct avec les élèves, le masque doit être mis à disposition de la communauté éducative, par le ministère. Les AESH doivent donc recevoir des modèles dits « grand public » de catégorie 1, à raison de deux par jour de présence. Trop peu d'ailleurs, selon le syndicat Sgen-CFDT, pour accompagner des élèves de maternelle ou ayant des troubles du comportement. Dans une foire aux questions, le ministère assure : « C'est particulièrement important dans le cas des personnels intervenant auprès des plus jeunes ou d'élèves à besoins éducatifs particuliers, pendant la circulation au sein de la classe ou de l'école, ou encore la récréation ». Le collectif, qui dénonce le « mépris de l'institution ! », a interpellé le ministère à ce sujet, qui répond à handicap.fr qu'il s'agit d'un couac de rentrée mais que tout devrait rentrer dans l'ordre rapidement. Il précise par ailleurs que des masques inclusifs (avec fenêtre transparente permettant de voir le visage) sont en commande qui seront distribués aux personnels qui accompagnent les élèves qui en ont besoin.


Des tâches hors mission

D'autres problèmes viennent altérer cette rentrée, selon le Collectif : difficultés à joindre l'administration, flou dans les informations, changements d'affectation arbitraires accentués par la généralisation des Pial (Pôles inclusifs d'accompagnement localisés), contrats non signés avant la rentrée. L'un des points qui suscite la colère des personnels, ce sont « les tâches hors mission qui perdurent ». « Des AESH ont été convoqués la dernière semaine d'août pour préparer les classes et faire du travail administratif. D'autres se retrouvent à devoir faire de la surveillance d'élèves non notifiés lors des récréations, du ménage »,ajoute Hélène Elouard… Son syndicat, CGT Educ'action, rappelle que « les AESH s'occupent uniquement d'élèves en situation de handicap, et que leurs fonctions sont définies par la circulaire 2017-084 ». Interrogé à ce sujet, le secrétariat d'Etat au Handicap précise que « ces tâches complémentaires sont également là pour leur permettre d'avoir un salaire supérieur aux 24 heures seules d'accompagnement de l'élève et ainsi d''d'élever' leur niveau de vie ». Hélène Elouard consent qu'il existe un « contrat supplémentaire qui permet d'avoir des activités périscolaires, financé par les communes ou les départements, afin de permettre de compléter jusqu'au plein temps » mais il ne s'agit pas de cela… Elle maintient que certains sont sollicités sur leur temps de travail AESH. « Ce personnel n'est pas un bouche-trou ! », ajoute CGT Educ'action.

Discorde autour des Pial

Autre point de friction, les Pial, nouvelle forme d'organisation du travail qui doit permettre, en mutualisant les AESH, de mieux coordonner leurs interventions. Aujourd'hui, 4 500 pôles de ce type sont répartis sur l'ensemble du territoire, couvrant 77 % des écoles, 76 % des collèges et 66 % des lycées. « Ce fonctionnement a montré toute son utilité à l'occasion de la réouverture progressive des établissements en sortie de confinement », explique le cabinet de Sophie Cluzel. Or le nombre de ces accompagnants est jugé « insuffisant » par le Collectif. « Les AESH se retrouvent avec cinq ou six élèves, voire plus », constate-t-il. Hélène Elouard est AESH dans un lycée et doit s'occuper de deux jeunes filles en même temps, dans la même classe. « Avec des handicaps très différents, elles n'ont pas du tout les mêmes besoins et je suis tiraillée entre les deux ; c'est du sport », assure-t-elle. Par ailleurs, selon le secrétariat d'Etat, la généralisation des Pial, notamment dans le second degré, « favorise l'augmentation de la quotité horaire de travail pour les AESH ». Pas le cas pour tous…

Du nouveau en 2020 ?

Fin 2019, selon les chiffres du ministère de l'Education nationale, 95 500 AESH sont en activité, dont 16 600 en CDI. Lors de cette rentrée, le gouvernement a promis le recrutement de 8 000 personnes supplémentaires (soit 4 000 en équivalent temps plein). Le secrétariat d'Etat se félicite d'une « reconnaissance du métier renforcée ». Selon lui, « l'augmentation rapide des effectifs s'est accompagnée d'une sécurisation juridique de leur recrutement via la transformation des contrats aidés en CCD de 3 ans ». « Mais avec une grande majorité en temps partiel imposé et des CDD qui, à terme, ne sont pas reconduits en CDI », conteste Hélène Elouard.

En septembre, le ministère publie un Guide national AESH (en lien ci-dessous) qui, en 51 pages, détaille les contours de la profession : environnement de travail, emploi, contrats, congés, absence, cumul d'activités… Cette année, le gouvernement promet également de « développer des actions de formation continue en académie » et de « poursuivre le dialogue social avec la tenue du comité national de suivi à l'automne ». En attendant, le syndicat dénonce le « carcan d'une politique budgétaire restrictive » et une profession « toujours aussi méprisée ».

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