Deux italiens amputés au sommet du Mont-Blanc, un défi givré

Illustration article

Gravir cinq des plus hauts sommets d'Italie, c'est le pari fou d'Andrea Lanfri et Massimo Coda, deux alpinistes transalpins amputés. Le 1er août 2020, ils atteignent le sommet du mont Blanc. Récit d'une escapade au nom de l'inclusion.

 

1er août 2020. Mont-Blanc. 4810 mètres d'altitude. L'oxygène se fait rare mais Andrea Lanfri et Massimo Coda ne se sont jamais sentis aussi vivants. Amputés, ces deux alpinistes italiens viennent d'achever la troisième partie de leur défi fou : gravir cinq des plus hauts sommets d'Italie, avec une jambe pour deux hommes. Mi-juillet, ils avaient déjà atteint le Grand paradis (4061 m) et la Marmolada (3343 m). Plus que deux !

Rebondir après un drame

« Retrouver la montagne, le plaisir de s'y fatiguer, de se retrouver à nouveau au sommet pour admirer le panorama... C'était vraiment ce qu'il pouvait m'arriver de mieux après ce que j'ai vécu, confie Massimo Coda, alias Max, à nos confrères de France 3Après un drame, il faut réagir, retrouver son énergie et ce n'est qu'alors que l'on peut aussi retrouver le sourire ! » Son sourire, il l'arbore en toutes circonstances, malgré l'hostilité de cette terre immaculée. Crevasses, glaciers, crêtes effilées et chute de glace, sans compter la fatigue, ont bien failli avoir raison de leur détermination. En vain. D'autant que ces deux challengers ont choisi l'une des voies les plus difficiles pour accéder au sommet. Un pari « risqué » porteur d'un message d'espoir...

Briser les préjugés sur le handicap

« Je crois que notre cordée, en son genre, est vraiment unique au monde. Avoir réussi à arriver jusque sur le toit de l'Europe a une saveur particulière pour nous, explique Andrea Lanfri auprès de France 3J'espère que le symbole qu'il représente contribuera à faire disparaître un certain nombre d'idées toutes faites sur le handicap ». Pour cet athlète paralympique d'athlétisme, ce défi a comme un goût de revanche. Sa vie bascule en 2015 à la suite d'une méningite fulgurante qui lui coûte ses deux jambes et sept doigts. Mais le jeune homme décide d'exploiter ce qui lui reste plutôt que de se lamenter sur ce qu'il a perdu. Un mental de champion lui vaut de nombreux titres au 4X100m : neuf fois champion d'Italie, vice-champion d'Europe puis du monde... Mais rien ne peut remplacer son terrain de jeu favori : la montagne.

Everest, un rêve bientôt réalité ?

Ce challengeur invétéré ne cesse de viser toujours plus loin, plus haut. « Cet été, sans l'urgence du Covid, avec Max, nous avions prévu de partir escalader les deux plus hauts sommets africains : le mont Kenya (5 199 m) et le Kilimandjaro (5 895 m). On a dû reporter notre projet à l'année prochaine, déplore-t-il. Si j'enchaîne toutes ces escalades, c'est dans le seul but de me préparer à mon grand rêve : être le premier homme handicapé des membres supérieurs et inférieurs à monter sur l'Everest ! » En attendant, Andrea devra faire ses classes sur les monts Viso et Cervin avant fin septembre. Un rendez-vous particulièrement attendu mais aussi redouté par Massimo, qui a perdu sa jambe lors d'un entraînement en vue d'escalader ce dernier. Les retrouvailles s'annoncent… « glaciales » ?

Les commentaires sont fermés.