Peut-on être surveillante d’examens quand on est en situation de handicap ?

Amélie aurait-elle dû faire mention de la nature de son handicap et de son besoin d'aide technique en postulant comme surveillante d'examens ?

En juin, Amélie Marc, étudiante de 23 ans en situation de handicap, a postulé pour des vacations en tant que surveillante d’examens et de concours. Embauchée, elle a ensuite vu sa convocation annulée après avoir fait mention de son fauteuil roulant. Une situation préjudiciable financièrement qu’elle juge par ailleurs « discriminante et humiliante ».

En raison de la crise du Covid-19, de nombreux jeunes galèrent cette année pour trouver un job d’été. Dans ce contexte, Amélie Marc, étudiante de 23 ans, a répondu à une offre pour assurer la surveillance de concours. Au total plus de dix jours payés au Smic. Ayant mentionné sa reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), elle ne pensait pas que son handicap réduirait drastiquement sa vacation.

Besoin de fauteuil roulant

Amélie est d’abord affectée pour deux jours dans un lieu situé à la Porte de Versailles à Paris. À l’issue de ces deux journées de surveillance, elle se rend compte qu’elle ne peut pas continuer seulement avec l’aide de sa canne. « En raison de ma fatigabilité, je me suis dit que je serais mieux avec mon fauteuil roulant actif », précise-t-elle. Vendredi 19 juin, elle envoie donc un mail pour préciser à son interlocutrice que pour la surveillance des épreuves de l’ENS à Rungis du 22 au 27 juin, elle viendrait en fauteuil.

Des travées de circulation réduites

Quelques heures plus tard, elle reçoit un mail d’annulation. « Dans un souci d’organisation et de logistique liées aux contraintes sanitaires imposant une installation particulière du mobilier ainsi que par respect du silence demandé pendant les épreuves, je suis dans l’obligation d’annuler votre convocation. » Pour la jeune fille, c’est l’incompréhension. Ses appels répétés pour avoir une explication restent vains.

Contacté par Faire-face.fr, le Siec (Service interacadémique des examens et concours) confirme qu’« en raison des obligations sanitaires à respecter dans le cadre du contexte Covid, les tables entre les candidats ont été fortement espacées, réduisant, de ce fait, la taille des travées de circulation pour les surveillants » sur le site de Rungis. D’où l’annulation de la convocation. « Il aurait été difficile pour madame Marc de circuler dans ces travées et de respecter les consignes imposées aux surveillants. »

Des épreuves perturbées

Amélie précise que son fauteuil actif peu encombrant de par son petit gabarit lui permet de se déplacer très facilement. Par ailleurs, il « ne fait pas vraiment de bruit, moins que des chaussures de ville sur le sol ». Elle ne comprend pas en quoi sa présence aurait pu perturber les épreuves, n’importe quel surveillant pouvant être amené à tousser ou à éternuer.

La jeune femme parle en connaissance de cause ayant elle-même présenté le concours de l’ENS il y a quatre ans. Elle indique aussi qu’elle n’a pas caché son handicap et qu’à aucun moment, il ne lui a été demandé si elle se déplaçait en fauteuil roulant.

Manque de communication

Légalement, un candidat n’est absolument pas tenu de révéler son handicap à un employeur potentiel. En précisant sa RQTH, Amélie a joué la carte de la transparence et de la bonne foi. Aurait-elle dû faire mention de la nature de son handicap et de son besoin d’aide technique ? Cette fâcheuse affaire montre la nécessité de communication pour que les employeurs puissent procéder aux aménagement indispensables.

Au Siec, on rétorque que la jeune femme « a indiqué, une fois convoquée uniquement, qu’elle était en fauteuil roulant actif . Si elle nous avait prévenus lors de sa candidature, nous aurions pu la positionner dans un autre centre d’épreuves. Là, il n’a pas été possible au service de trouver une solution dans l’urgence ». La jeune femme s’est vu proposer deux journées de surveillance dans un autre centre d’examens plus accessible.

Un préjudice financier de près de 400 € pour la surveillante

Mais pour Amélie, le préjudice financier s’élève à 393 euros (Smic horaire net). Elle reproche par ailleurs le manque de communication et d’empathie de ces interlocuteurs. Et juge cette mise à l’écart « discriminante et humiliante ». Elle pourrait saisir le Défenseur des droits.

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