Apporter un soutien psychologique aux personnes qui font face à une détresse émotionnelle liée au Covid-19, tel est le but de la plateforme CovidEcoute, lancée le 15 avril 2020. Au menu : des guides pour "s'aider soi-même" et des visioconsultations.
Colère, anxiété, tristesse, épuisement... Le Covid-19 et le confinement qui en résulte peuvent engendrer des états de souffrance psychologique chez de nombreux Français. Pour les aider à gérer ce flot d'émotions, la Fondation FondaMental, dédiée à la lutte contre les troubles psychiatriques, lance le 15 avril 2020 la plateforme CovidEcoute (lien ci-dessous). L'objectif : répondre aux détresses émotionnelles immédiates mais aussi prévenir les troubles dépressifs ou de l'humeur et le stress post-traumatique liés à cette crise sanitaire exceptionnelle. Conçu par des professionnels de santé mentale formés à la gestion du stress, ce site propose ressources, écoute et soutien, de manière totalement gratuite, grâce à l'accompagnement de thérapeutes bénévoles. Un dispositif qui se veut « simple, facile d'accès et rassurant ! »
Prise en charge personnalisée
« CovidEcoute offre une prise en charge psychologique adaptée et personnalisée à toutes les personnes déstabilisées par le confinement, tels que les étudiants, les familles de patients, les femmes enceintes, les parents épuisés, les soignants, les proches endeuillés, les personnes qui peinent à contrôler leur consommation d'alcool..., explique Stéphany Pelissolo, psychologue clinicienne, à l'initiative du projet. L'idée de cette plateforme a émergé à la suite d'une discussion avec des amis psychologues. » Selon elle, l'enjeu est d'éviter que des symptômes ou émotions « anormales » apparaissent ou persistent du fait de la durée de la crise.
Pour connaître leur état de santé mentale et identifier les solutions adaptées, les internautes sont tout d'abord invités à remplir un bref questionnaire : « Je souhaite acquérir des stratégies pour mieux gérer mes émotions, je suis surmené/épuisé, j'ai des idées suicidaires, je ne supporte plus les morts ou encore les choix éthiques à faire au quotidien... ». Prochaine étape : évaluer son niveau de tension ou de stress, de mal-être immédiat, d'épuisement, de colère et d'envies suicidaires, sur une échelle de 1 à 10. Plusieurs ressources sont ensuite proposées en fonction du « score » obtenu.
Des séances de 45 min à 1h30
Si ce dernier est « faible », la plateforme renvoie vers des guides et autres ressources pour « s'aider soi-même », comme des séances de méditation pour « prendre soin de soi en sept jours », une application d'auto-soin gratuite ou encore des programmes pour gérer son addiction. En complément, elle propose un accès sécurisé et individualisé à des téléconsultations de soutien psychologique d'une « durée inédite », selon ses concepteurs, entre 45 minutes et 1h30. Autre « originalité » du site : l'internaute peut choisir lui-même, en ligne, via la plateforme de téléconsultation Qare, son thérapeute ainsi que la date et l'heure de l'entretien puis recevoir un compte-rendu à l'issue de la séance. Des éléments « bien utiles qu'on ne retrouve pas sur les autres plateformes », estime Stéphany Pelissolo.
Un sourire bienveillant
Pourquoi visioconsultation plutôt qu'une ligne d'écoute ? Pour cette psychologue, « c'est absolument essentiel en plein confinement où les gens ont moins de contacts sociaux ». « Parler, a fortiori en période de crise, est, certes, fondamental, mais il est aussi important de recevoir un sourire et un regard soutenant et bienveillant, poursuit-elle. Cela permet aussi de décrypter des éléments pas forcément évoqués par l'interlocuteur. » Mais, ne vous méprenez pas, « il ne s'agit pas d'une psychothérapie, prévient Stéphanie Pelissolo. Notre rôle est de faire acquérir aux personnes en proie au stress des stratégies pour faire face à leur souffrance dans l'ici et maintenant ». Internes en psychiatrie, psychologues, psychothérapeutes, psychiatres, addictologues... Pour ce faire, plus de 500 professionnels volontaires, « spécifiquement formés à la gestion du stress », ont été recrutés mais, pour l'heure, 113 d'entre eux sont effectifs.
Groupes de parole à venir
Quelque 150 consultations ont été effectuées en amont du lancement officiel. « Les premiers retours des patients et des professionnels sont très encourageants », se félicitent les concepteurs. D'ici une quinzaine de jours, des groupes de parole animés par des psychothérapeutes seront mis en place, « pour partager ses émotions et prendre conscience qu'on n'est pas seul à ressentir de l'anxiété, de la tristesse », explique Stéphanie Pelissolo. Quid de l'après Covid-19 ? La plateforme a vocation à durer et « sera encore disponible à l'issue du confinement », indique-t-elle. « D'autant qu'il risque également d'avoir des conséquences considérables. Après deux mois de stand-by, revenir à une vie où l'on est sur-stimulé et confronté à des contacts sociaux permanents peut faire un sacré choc, souligne-t-elle. Les ressources proposées seront alors adaptées en fonction des besoins qui se manifesteront à ce moment-là. »