Le dépistage va être généralisé dans les établissements de personnes handicapées et de personnes âgées

Les tests PCR permettent de déterminer si un malade est infecté au moment où ils sont effectués. Jusqu'à présent, les établissements y avaient difficilement accès.

Dès l’apparition du premier cas confirmé de Covid-19 au sein des établissements médico-sociaux et des Ehpad, « tous les résidents et tous les personnels seront testés », a annoncé Olivier Véran, lundi 5 avril. Objectif : limiter les contaminations… même si un dépistage généralisé n’élimine pas tous les risques.

Voilà une nouvelle arme pour lutter contre la propagation du coronavirus. Olivier Véran a annoncé, lundi 5 avril, qu’il allait « lancer une vaste opération de dépistage des personnes les plus vulnérables ».

Les tests PCR permettent de déterminer si un patient est infecté au moment où ils sont effectués. Suite au prélèvement dans le nez avec un genre de long coton-tige, les résultats sont disponibles sous quelques heures.

Détecter davantage de personnes atteintes

Jusqu’à présent, pénurie oblige, ils se pratiquaient au compte-gouttes. L’augmentation progressive des capacités devrait enfin rendre possible leur multiplication. Le ministre de la Santé veut mettre « la priorité sur les personnes âgées et les personnes handicapées les plus fragiles. Ainsi que sur les professionnels qui les accompagnent ». Désormais, dès l’apparition du premier cas confirmé de coronavirus au sein de l’établissement, « tous les résidents et tous les personnels seront testés ». 

Un changement de doctrine par rapport à ce qui prévalait jusqu’alors. Dans un avis émis le 31 mars, le Haut conseil de la santé publique (HSCP) préconisait de se limiter à trois tests par structure. Une recommandation basée, entre autres, sur « la saturation des capacités de réalisation » des tests. Autrement dit, les directives du ministère de la Santé ne pourront être suivies d’effets que si la France réussit à développer suffisamment ses moyens de dépistage. La généralisation des tests se fera par étapes. 

Olivier Véran a annoncé la mobilisation de tous les laboratoires, de la réserve sanitaire, des conseils départementaux… Des équipes mobiles vont voir le jour.

Les résidents positifs pourront être regroupés 

Cette campagne de tests permettra de détecter des cas positifs jusqu’alors ignorés, car ne présentant aucun symptôme, mais contagieux. La direction de chaque établissement pourra les « regrouper au sein de secteurs dédiés [exemple : un étage], a précisé Olivier Véran. Pour éviter les contaminations des autres résidents. » Et elle sera en mesure d’affecter, « le personnel positif mais asymptomatique (…) au sein des unités regroupant des personnes déjà malades ».

« Dans les établissements médico-sociaux, on ne met pas de salariés malades au contact de résidents malades, contredit une source médicale. Les salariés positifs sont écartés de l’établissement jusqu’à guérison. Sinon, ils risqueraient de transmettre le virus aux résidents fragiles non contaminés. Au besoin, seuls sont maintenus au travail ceux qui n’ont pas de forme sévère et ne sont pas en contact avec des résidents fragiles. Sous réserve qu’ils portent un masque chirurgical en permanence. »

Les personnes handicapées et leurs aidants prioritaires

« Les associations gestionnaires réclamaient un meilleur accès aux tests », se félicite Aude Bourden, conseillère nationale santé – médico-social d’APF France handicap. Et le Haut conseil de santé publique, dans son avis rendu le 30 mars sur l’accompagnement des personnes handicapées, recommandait que ces dernières et leurs aidants soient « prioritaires pour la réalisation des tests ». 

La prudence reste de mise

Si le dépistage systématique est un outil intéressant, il n’est pas pour autant un bouclier magique. « Si on dépiste tout le monde au premier cas symptomatique, on aura de nombreux tests négatifs de personnes pourtant atteintes, précise cette même source médicale. Les faux négatifs sont en effet plus fréquents en phase d’incubation. Or, ces personnes sont contagieuses. » En clair, une campagne de tests ne garantit pas que 100 % des personnes négatives le soient vraiment. Et un salarié négatif le jour du test peut être exposé au virus le lendemain.

« Cela veut dire qu’il faudra rester extrêmement scrupuleux sur le respect des règles d’hygiène en vigueur, insiste Aude Bourden. Surtout, nous attendons de voir la concrétisation de cette annonce, territoire par territoire. »

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