Handicapés et engagés dans la lutte contre le coronavirus

Des salariés d’une entreprise adaptée APF France handicap de la région Rhône-Alpes assurent la maintenance de pousse-seringues de services de réanimation.

Parmi les professionnels de terrain mobilisés en pleine crise sanitaire de nombreuses personnes en situation de handicap. À l’hôpital pour réceptionner les appels du 15 ou à l’arrière-front, dans les entreprises adaptées et Ésat, pour fabriquer masques et surblouses.

Florent Barbier, tétraplégique, est assistant de régulation médicale au Samu de la Somme depuis 18 ans. Son travail, à l’hôpital d’Amiens : réceptionner les appels du 15. Transmettre au médecin régulateur afin de décider d’une marche à suivre. Puis organiser l’envoi d’un véhicule sur place ou le déplacement d’un médecin de ville à proximité.

Depuis le début de la crise sanitaire, l’activité a été multipliée par trois, avec les appels concernant le coronavirus. Une salle a été dédiée aux appels Covid. Grâce à son expérience, Florent Barbier y joue un rôle-clé. Il a contribué à former à la régulation les étudiants en médecine et médecins arrivés en renfort, et les chapeaute.

 

À la régulation du Samu de la Somme, Florent Barbier reçoit les appels du 15.

« C’est une période fatigante, mais je sens de la reconnaissance chez les gens. Et avec mon vécu d’un accident qui a fait basculer ma vie, je sais combien l’angoisse des familles est grande. J’essaie d’y répondre avec le plus d’empathie possible.»

Réparation de pousse-seringues à l’atelier

Pendant le confinement toutes les entreprises adaptées (EA) et établissements et services d’aide par le travail (Ésat) n’ont pas été fermés. Exemple, dans cette EA APF Entreprises de la région Rhône-Alpes (son nom n’est pas dévoilé afin d’éviter les vols). 

L’atelier réparation de pousse-seringues tourne à plein régime. Son client : l’entreprise Fresenius Kabi, spécialisée en matériel de perfusion, transfusion et nutrition clinique. L’EA assure son service après-vente pour tous les hôpitaux de France.

En ce moment arrivent tous les jours des appareils à réparer pour des services de réanimation. Contrôleuse qualité, Brigitte Combe, 59 ans, en situation de handicap, met aussi en ce moment la main à la pâte. « Nous démontons tout, changeons les pièces plastiques et électroniques défectueuses. Nous travaillons avec plus de stress mais je suis heureuse d’aider le monde médical. »

Depuis jeudi 2 avril sont aussi de retour certains salariés de l’atelier couture de coussins d’ameublement. Une ligne de production de masques anti-projections en tissu (non homologués comme chirurgicaux) a démarré. Elle prend part au projet national Résilience.

Masques coronavirus pour le projet Résilience

Une dizaine d’entreprises adaptées d’APF France handicap
ont commencé la production de masques en tissu.

Créé à l’initiative du gouvernement, Résilience est un groupement de PME du textile, d’entreprises d’insertion, d’entreprises adaptées et d’Ésat engagés depuis le 30 mars à produire collectivement plusieurs millions de masques lavables.

Ceux-ci sont destinés aux services publics, entreprises des secteurs prioritaires et associations caritatives. Côté APF France handicap, une dizaine d’EA y participent à hauteur de 15 00 masques par semaine, soit une cinquantaine de salariés.

Surblouses en sacs poubelle à l’ESAT

Un foule d’autres acteurs en situation de handicap œuvre également sur le terrain qu’ils soient atteints d’une déficience intellectuelle, psychique ou cognitive.

Ainsi, l’Ésat Tech’Air, de l’Adep (Association de défense et d’entraide des personnes handicapées) dans le Val-d’Oise, fabrique capteurs et valves pour les respirateurs artificiels. Avec son « pôle en atmosphère contrôlée », il travaille déjà habituellement pour des clients du domaine de la santé.

L’Ésat Les Ateliers de la forêt, dans la Marne, contribue, lui, à la production de surblouses en sacs-poubelles sur l’idée d’une créatrice locale. À l’heure de la crise, l’imagination et la participation sont en action.

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