« Bien accompagnés, 80 % de salariés en risque d’inaptitude peuvent continuer à travailler. »

C’est une véritable épidémie. Un salarié sur cent du secteur privé est déclaré inapte à son poste chaque année. Deux fois plus qu’il y a vingt ans. Pour Alain Jabes, médecin du travail et co-fondateur du cabinet conseil ALJP, il est possible de favoriser le maintien dans l’emploi. En proposant un accompagnement précoce et interdisciplinaire.

Faire Face : Pourquoi l’inaptitude progresse-t-elle ?

Alain Jabes : Chaque année, rien que dans le secteur privé, 180 000 à 200 000 personnes sont reconnues inaptes à leur poste. Soit un salarié sur cent. C’est deux fois plus qu’il y a vingt ans. Cette progression de l’inaptitude est liée à la forte intensification du travail, sans reconnaissance du travail accompli. En clair, les employeurs en demandent plus aux salariés. Ils doivent être plus productifs, plus réactifs… et s’usent donc plus vite.

D’autres raisons s’y ajoutent : le vieillissement des salariés, le recul de l’âge de la retraite, l’augmentation régulière des maladies professionnelles et, paradoxalement, les progrès de la médecine. Il y a quelques années, des personnes victimes d’un cancer ou d’un accident cardiaque ou vasculaire cérébral n’étaient pas capables de retravailler. Aujourd’hui, elles le peuvent, sous réserve toutefois que leur poste soit adapté à leurs capacités.

 

« Il faut pouvoir se projeter dans un avenir social et professionnel. »

FF : Comment favoriser le maintien dans l’emploi  ?

A.J : Une personne en arrêt pendant six mois a un risque sur deux de ne jamais reprendre le travail. Au bout de deux ans, le nombre des reprises est quasi nul. Il faut bien évidemment respecter l’arrêt de travail. Mais nous devons aussi proposer à ce salarié d’être accompagné, lui redonner confiance, le plus précocement possible.

Alain Jabes identifie au moins deux impératifs pour favoriser le maintien dans l’emploi : un accompagnement précoce et interdisciplinaire.

Le but est qu’il puisse se projeter dans la possibilité d’un avenir social et professionnel. Pourtant, très souvent, cette question du travail est repoussée à plus tard par les soignants. Cette incertitude est source de stress prolongé qui nuit au processus de guérison ou de rémission.

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Source : faire face

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