Handicap et travail au Royaume-Uni

Jean-Christophe Verro aborde ce mois-ci le sujet du marché du travail au Royaume-Uni pour les travailleurs handicapés.

Pour commencer je souhaite vous faire partager ces quelques chiffres

Pour commencer, un petit tour d’horizon de l’emploi handicapé au Royaume-Uni avec quelques chiffres:

  • En 2013, le taux de chômage des personnes handicapées était de 12%, contre 7.6% pour les non handicapés (au niveau Européen, ces taux sont respectivement de 17% et 10%).
  • En mars 2013, 20.8% de la population en âge de travailler (8.3 millions) avait un handicap (en âge de travailler veut dire 16-64 ans, hommes et femmes).
  • Plus de 50% des personnes en âge de travailler et qui sont en dehors de l’emploi sont handicapées (sans emploi ou inactives).
  • En 2012-2013, les handicaps les plus courants dans la population étaient liés à la mobilité (57%), l’endurance/la respiration/la fatigue (38%), la dextérité (28%) et aux maladies mentales (16%).
  • L’écart dans le taux d’emploi entre les personnes handicapées et les non handicapées a diminué de 37,2% en 2006 à 32,8% en 2013.

La discrimination sévèrement punie

Concernant mes expériences de recherche d’emploi, j’ai trouvé un emploi cinq mois après mon arrivée et je viens de changer de job cet été (en juillet pour être précis). J’ai donc plusieurs expériences de recherche d’emploi en Grande Bretagne en situation de handicap. Je précise sur mon CV que je suis handicapé et en fauteuil roulant. Cela ne m’a pas empeché, en répondant à des annonces me correspondant, d’avoir plusieurs entretiens. Je dois avouer que je n’ai jamais ressenti ce tabou, ou cette fausse gêne, pouvant exister avec le handicap.

L’accessiblité étant une réalité en Grande Bretagne, cela permet aux recruteurs de se focaliser uniquement sur vos compétences et votre experience (même votre diplôme est mis de côté).

Si je n’ai pas été accepté pour certains postes, c’était juste parce qu’il y avait de la concurrence mieux placée que moi. Il n’y a pas d’obligation légale ni de quota d’emploi de personnes handicapés en Grande-Bretagne. La seule base juridique est l’Equality Act de 2010, qui protége contre toutes formes de discrimination (âge, sexe, origine, etc. et bien sûr le handicap).

Être empeché d’effectuer certaines actions du fait de son handicap (par exemple à cause d’un défaut d’accessibité) est considéré comme une discrimination, qui, si elle est avérée, peut être punie sévèrement par les tribunaux. Ce qui fait que le marché de l’emploi est naturellement ouvert au handicap!

Une aide financière: Access-to-Work

Il existe également une aide financière qui est fournie par le Department of Work and Pensions (le ministère du travail). Il s’agit d’Access-to-Work, une bourse pour les personnes handicapées leur permettant de se maintenir ou d’accéder à l’emploi. Celle-ci permet d’acheter des équipements spécifiques nécessaires.

Elle peut être activée plusieurs fois dans l’année et elle est plafonnée (dans mon cas à £40,800/an = 45 300 €).

Concrètement, vous faites une demande par téléphone à un conseiller, en expliquant pourquoi vous avez besoin de ces équipements ou transports pour aller travailler. Pour soutenir votre demande vous devez fournir trois devis.

Le conseiller accepte (ou refuse, mais je n’ai pas encore rencontré ce cas) et vous donne une réponse en général en moins d’une semaine. Quand la bourse est acceptée, elle va payer vos équipements au prorata de vos jours de travail: par exemple, vous travaillez 5 jours par semaine, elle va couvrir 5/7 du coût de l’equipement, le solde étant à votre charge.

J’ai pu bénéficier ainsi de plusieurs équipement augmentant ma mobilité pour aller travailler (Batec, Braun Wheelchair Topper et Controle Manuel pour voiture).

En conclusion

Le but au Royaume-Uni est de mettre au travail le maximum de personnes souffrant d’un handicap, leur permettant ainsi de s’insérer dans la société et de s’épanouir, mais aussi de subvenir à leurs besoins (et accessoirement de payer des impôts et des charges sociales).

Malheureusement, maintenant j’éprouve certaines apréhensions à revenir en France, sachant que le défaut d’accessiblité (validé par les différents reports de la loi), outre les désagrements dans ma vie quotidienne, risque de me rendre l’accès a un emploi plus compliqué et plus long.

Source : Handirect 

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