HANDICAP - Indéniablement, Dominique Farrugia trouve ça nul. Le Parlement a en effet définitivement ratifié ce mardi 21 juillet l'ordonnance prévoyant de nouveaux délais pour la mise en accessibilité des lieux publics aux personnes atteintes de handicap. Ce faisant, ce report ne plaît pas -du tout- à Dominique Farrugia qui a estimé dans la soirée sur Twitter que cette décision était purement et simplement "inadmissible".
Remonté, le comédien de la célébrissime troupe des "Nuls" de Canal+ a par la suite enfoncé le clou proposant aux personnes à mobilité réduite d'aller en sa compagnie "bloquer les portes de Paris" avec des fauteuils roulants pour faire réagir le gouvernement. On appréciera l'allusion à peine déguisée à l'actualité.
Atteint de sclérose en plaques, Dominique Farrugia a vu sa mobilité considérablement se réduire ces dernières années apparaissant publiquement avec des béquilles. L'acteur et producteur s'est aussi souvent livré sur sa maladie pointant par ailleurs la désocialisation qui en découle.
La mise en accessibilité des lieux publics repoussée
Si le comédien est en colère, c'est parce que le Sénat a adopté définitivement le projet de loi, dans la version votée la veille par les députés, prévoyant le report de l'accessibilité des lieux publics aux personnes atteintes d'un handiap. A la Haute Assemblée, la droite (Républicains et centristes), les socialistes et le RDSE (à majorité PRG) ont voté pour tandis que les écologistes se sont abstenus et que les communistes ont voté contre.
L'ordonnance du 26 septembre 2014 tire les conséquences du fait que l'échéance du 1er janvier 2015, fixée par la loi handicap de 2005 en matière d'accessibilité des établissements recevant du public, des bâtiments d'habitation et des services de transport public de voyageurs, n'a pas pu être tenue "du fait du retard accumulé".
La proportion d'établissements recevant du public accessibles aux handicapés est estimée à environ 40%.
Les acteurs publics et privés qui ne se sont pas mis en conformité avec l'obligation d'accessibilité doivent déposer en mairie ou en préfecture, d'ici octobre 2015, un "agenda d'accessibilité programmé" (Ad'ap), dans lequel ils s'engagent à réaliser les travaux dans un certain délai.
Ce délai sera de trois ans maximum pour "80% des établissements", ceux ayant une capacité d'accueil de 200 personnes maximum. Des durées plus longues, pouvant aller jusqu'à six ans, voire neuf ans, sont prévues pour les établissements de plus grande capacité, les patrimoines comprenant plusieurs établissements et ceux qui sont "en difficulté financière avérée".
Pour les transports, les délais maximum seront de trois ans (transports urbains), six ans (interurbains) et neuf ans (ferroviaire).
"Ordonnance de la honte"
En déposant ces agendas, les acteurs concernés éviteront les sanctions pénales prévues par la loi de 2005 en cas de non-respect des obligations d'accessibilité (45.000 euros d'amende). Mais ceux qui ne déposent pas un Ad'ap seront passibles d'une sanction de 2.500 euros et s'exposeront à des poursuites pénales.
Le "Collectif pour une France accessible" (associations de handicapés, de personnes âgées, d'usagers des transports, etc) avait appelé dimanche les parlementaires à ne pas ratifier cette "ordonnance de la honte", qui va "maintenir notre pays en queue de peloton des nations ayant ratifié la Convention internationale sur les droits des personnes handicapées".
"Nous n'abandonnons pas l'objectif de la loi de 2005, bien au contraire", a souligné la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées Ségolène Neuville. "C'est par des rendez-vous transparents et réguliers que nous rendrons concrète l'accessibilité universelle", a-t-elle ajouté.
"Je comprends la colère du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) ou du Collectif pour une France accessible, et de toutes les associations qui ont déjà attendu trop longtemps", a lancé la sénatrice Annie David (Communiste, républicain et citoyen). "Les nouveaux délais impartis atteignent neuf ans dans certains cas, comme pour le transport ferroviaire", a-t-elle poursuivi. "C'est indigne d'une société fondée sur la liberté - celle d'aller et venir par exemple - l'égalité et la fraternité".
Mais pour Michelle Meunier (PS), "il faut faire des concessions et être pragmatique, et veiller à ne laisser personne au bord de la route". "C'est ce que permet ce texte". Dominique Farrugia ne partage visiblement pas cet avis.
source le Huffington post