Philippe Croizon est un homme tout aussi extraordinaire que les défis qu'il s'est lancés et a remportés. Tout a commencé le 5 mars 1994. À la suite d'un terrible accident domestique, sa vie basculait pour toujours. Monté sur le toit de sa maison pour déplacer son antenne, le jeune homme de vingt-six ans se retrouvait électrocuté par une ligne à haute tension adjacente, ne reprenant conscience que... deux mois plus tard ! Un réveil à l'hôpital difficile et cruel, puisqu'il constatait alors que l'intensité des brûlures subies avait nécessité l'amputation des extrémités de ses bras et jambes.
2010 : l'année de la traversée
Malgré ce terrible coup du sort, une idée incroyable va lentement germer dans son esprit, qui va l'aider dans sa reconstruction morale : parcourir à la nage la trentaine de kilomètres qui sépare la France de l'Angleterre. Doté de prothèses, Philippe Croizon va concrétiser ce projet fou en 2010, en effectuant seul cette traversée de la Manche. L'exploit remporté à la stupéfaction générale aura un énorme retentissement.
Vous pouvez lire des notes sur cette prouesse, ainsi que sur les récompenses et louanges qui avaient fort logiquement suivis, notamment de la part des plus hautes instances de notre pays sur le blog Faire Face. Philippe Croizon avait eu à l'époque la gentillesse d'y accorder un entretien, expliquant brièvement sa préparation et ses motivations.
Parmi ses projets, un nouveau défi, restant à financer, et encore plus osé et dangereux que le précédent : rallier les cinq continents à la nage avec son comparse Arnaud Chassery, nageur valide. Pour y parvenir, Philippe vient d'ailleurs de passer récemment une semaine intensive de préparation avec la Marine nationale, à l'école de plongée de Saint-Mandrier, en compagnie de nageurs de combat et de plongeurs démineurs.
Deux années de préparation racontées en détails
Dans J'ai traversé la Manche à la nage, son deuxième livre (après J'ai décidé de vivre du même éditeur) qui paraît aujourd'hui 1er mars, Philippe Croizon revient dans le détail sur les deux années de préparation nécessaires à son record. Il parle des efforts intenses qu'il a dû fournir, lui qui, valide, n'était pas un grand sportif. Il évoque en particulier ces heures d'entraînement interminables pour essayer de dompter un corps meurtri et gagner en endurance... Sans oublier de rappeler la longue série d'obstacles rencontrés : prothèses mal adaptées, confrontations avec l'avis des sceptiques, problèmes administratifs et financiers...
Un récit prenant, puissant qui rend compte pleinement de la volonté d'un homme et de sa détermination sans faille. Sans oublier l'importance capitale de l'autre, à savoir le support inconditionnel et l'amour de ses proches, en particulier de celui de sa compagne Suzanna. O. Clot-Faybesse - Photo DR
J'ai traversé la Manche à la nage de Philippe Croizon, Éditions J.-C. Gawsewitch, collection Témoignage, 320 pages, 19,90 EUR